
Le déni passé laisse souvent place à l’expression de la colère
, de la révolte:
"Il n'aurait pas du mourir "
C’est un moment où l’on recherche des causes,
des coupables du décès, telle chose mangée, tel sport fait
juste avant la perte de l’enfant, ….
Un sentiment d’injustice apparaît, d’autant plus intense
que la mort est inattendue ou les liens avec le défunt étroits : “ Pourquoi lui ?
C’est injuste à son âge, dans sa situation. Pourquoi me fait-il cela ? Qu’ai-je fait pour
mériter cela ?... ”
Cette étape est spécialement difficile à dépasser, peut-être parce que, confrontés
au problème de la mort, et surtout de cette mort, nous n’avons pas de réponse claire,
d’explication naturelle.
Nous cherchons un coupable : Dieu, les forces du mal, la société, les négligences du corps
médical.
Commence alors un examen sans fin du comment et du pourquoi de cette mort.
La rancœur et parfois le désir de vengeance s’installent envers toute personne
considérée comme responsable de la mort.
Vous vous accusez également: "si j'avais fait cela , si je n'avais pas fait ceci,
il ne serait pas mort "
Cette colère peut également atteindre la famille, les proches car les tensions sous-jacentes
avant le deuil vous être exacerbées dans ces circonstances dramatiques.
Ces manifestations agressives ont besoin de s’extérioriser. Elles sont l’expression
d’une forte charge émotionnelle qui doit pouvoir s’alléger. La façon dont la personne
est entourée, écoutée, réconfortée, compte beaucoup.
On a le droit d’hurler sa colère, d'être hors de soi face à des souffrances telles
que celles du deuil.
Il est important que cette colère sorte, car ce qui ne s’exprime pas s’imprime. Cette colère
rentrée peut agresser le corps physique et entraîner des pathologies graves.
La colère peut aussi être dirigée contre celui qui est parti, qui nous a abandonné avec tous
ces problèmes matériels, avec les enfants…Mais, cette colère n’est pas admise, le défunt
n’a pas demandé à mourir, cela ne se fait pas ! Et nous retournons alors cette colère
contre nous, c’est la période de la culpabilité.
4. LA CULPABILITÉ

Le remord et la culpabilité sont également des sentiments fréquents et objectivement
injustifiés accompagnant le deuil. .Puisqu’il faut être dans le malheur, on va être en
colère contre soi.
Il y a bien des raisons de culpabiliser selon les cas:
-Culpabilité de ne pas avoir fait ce qu’il fallait (analyses, médecins), d’avoir fait ce qu’il ne
fallait pas
(disputes, reproches, tromperies, désirs de mort etc.…), de l’avoir relégué(e) dans une
maison de retraite,
-Culpabilité de ne pas avoir été présent(e), de l’avoir abandonné pour le passage,
-Culpabilité de n’avoir pas su ce qu’il fallait dire, d’avoir dit ce qu’il ne fallait pas,
- Culpabilité de ne pas avoir su ou pu montrer suffisamment son amour pour la personne
disparue, de ne pas avoir assez de chagrin...
C’est une étape normale du deuil, on tourne en rond, on ne sait pas comment en sortir.
Les promesses faites au défunt ne doivent pas renforcer notre culpabilité, car faites
à un moment, elles peuvent devenir impossibles. Ce n’est pas grave, c’est à celui qui
est vivant de décider si cette promesse doit être réalisée. Si c’est faisable, il faut le faire
car c’est important, mais si on a promis quelque chose d’irréaliste, . Il faut trouver le
moyen de se libérer de ces charges que l’on s’était collées sur le dos sans culpabilité
peut être avec un rite comme dire, écrire que ce n' est pas possible.
Ce n’est pas le perdre, que de se libérer de ces liens là, au contraire.
C’est le retrouver dans une autre relation, beaucoup plus intime.
5. LA DÉPRESSION

Dans la majorité des cas, le travail de deuil passe ensuite par une phase de dépression.
Chagrin, découragement, repliement sur soi, marquent cette étape. L’évidence s’est
imposée, toutes les étapes précédentes ne cachent plus rien, on a tenu un moment,
avec le déni, la colère, la culpabilité. Tout d’un coup : il n’y a plus rien. Il faut ouvrir
les yeux, il n’est plus là, il ne reviendra jamais ! C’est le vide le plus complet.
Cette étape devient pathologique, si elle persiste trop longtemps. 10 à 20 %
des veuf(ve)s présentent un syndrome dépressif plus d'un an après le deuil. D'après
le DSM IV, les symptômes suivants seraient plus en faveur d'un épisode dépressif
pathologique que d'un deuil "normal" si cinq d’entre eux sont vécus toute la journée
sur au moins deux semaines consécutives:
Perte de plaisir, d’intérêt en général , Culpabilité à propos de choses autres que les actes entrepris ou non entrepris par le survivant
à l'époque du décès, Perte ou prise de poids Sommeil perturbé, impossibilité de se rendormir, Ralentissements psychomoteurs ou du langage : parler plus lent, difficultés de
concentration, Altérations physique profondes et prolongées ,fatigue Grande dévalorisation, tout ce qu’on fait, est nul : ce n’est en réalité qu’une impression, Hallucinations autres que celles d'entendre la voix ou de voir transitoirement l'image
du défunt, Trouble de la mémoire et en dernier des idées de mort.
Les statistiques en France montrent que pendant les deux premières années de deuil
le risque de suicide est cinq fois plus élevé que dans le reste de la population.
La plupart des deuils pathologiques proviennent d’une accumulation de circonstances
traumatiques:
- la mort a été jugée choquante ou brutale, - la dynamique familiale était déjà conflictuelle avant le deuil, - ce deuil suit d'autre(s) deuil(s) encore présent(s) à l'esprit et donc non réglé(s), -vous présentez une prédisposition à la dépression.
On peut comparer la dépression à un tunnel, on sait qu’il y a quelque chose au bout.
Il faut avoir cet espoir et en plus, sachez qu’il y a des petites lumières tout le long du tunnel.
Essayer de trouver trois cadeaux dans votre journée, un sourire du voisin, un dessin
de gosse, etc…
Un jour vous apercevrez le bout du tunnel, il faut y croire. Le bout du tunnel n’arrive pas
d’un seul coup, cela arrive, repart dans le noir et encore et encore une fois. Rien ne se fait
dans l’ordre, on revient en arrière, mais on vivra chaque phase à un moment donné.
Comme pour les étapes précédentes, il ne faut pas hésiter à se faire aider. Votre
souffrance vous appartient, mais vous pouvez la partager pour qu'elle soit moins lourde
à porter : Amis, groupe de paroles, thérapeute compétent.
6. LA RECONSTRUCTION

Cette phase est l’intégration du deuil dans une histoire personnelle. Ce n’est en aucun
cas l’oubli de celui ou celle qui nous a quittés, mais c’est l’acceptation de rentrer dans le
cycle de la vie avec son vécu, si douloureux soit-il. Le travail de deuil sera alors réalisé...
Avec le temps, vous commencerez à vivre des périodes pendant lesquelles vous arrêterez
de penser sans cesse à votre perte. Le souvenir mélancolique remplace l’absence
intolérable du défunt. Il devient possible de sourire. Vous serez alors en mesure de vous
concentrer sur les tâches quotidiennes. Une grosse peine ne peut s’oublier complètement.
Elle finit plutôt par se positionner parmi les autres exigences plus immédiates de la vie.
Des amitiés plus profondes peuvent se forger au cours du processus de partage.
Vous serez par la suite peut-être encore plus conscient de la valeur de la vie, des gens et
des expériences .
La personne est capable de se tourner vers l’extérieur, elle multiplie ses échanges
avec le milieu extérieur. L’espoir et les projets de vie renaissent, de nouveaux avantages
ou de nouveaux modèles de comportements apparaissent. On commence à acquérir
de nouvelles compétences et les succès rendent confiance. Il convient alors de
déterminer si l’on va s’engager dans de nouvelles relations, de nouvelles amitiés ou de
nouvelles amours .
Se guérir du deuil peut être vécu comme un désaveu, un oubli ou une ingratitude
envers le disparu.
En fait le processus de deuil fait jouer les pulsions de vie contre les pulsions de mort.
Le problème essentiel est de savoir si le travail de deuil est fondé sur un processus
de résignation ou un essai d’intégration de la mort de l’autre dans la vie de l’un. Il faut vivre
avec ce mort, ce vide, cette absence définitive. Non s’y résigner parce qu’on ne peut rien
y changer, mais élaborer l’absence du mort, retrouver lui en soi et soi en lui, instaurer
un dialogue.
Faire le deuil, c’est faire la paix et se défaire de ses liens. Et il faut du temps.
Dans notre monde de l’instantané et de l’éphémère, on voudrait se “ débarrasser ”
de la souffrance le plus vite possible. Mais le processus de guérison prend du temps.
Négliger ces différentes étapes, c’est risquer de gommer la mort par des paroles trop
rapides :
" Il est heureux maintenant, il va nous aider. ” Même si elles sont vraies, elles demandent
de donner du temps au temps, le temps de mettre en place une nouvelle relation avec
le défunt. Tout ce que son départ a bousculé demande un nouvel équilibre. La vie a repris
sa place. Et aimer de nouveau, ce n’est pas trahir celui qui est parti.
Cette période n’est pas acquise une fois pour toutes, il peut y avoir alternance entre
mélancolie et espoir, de plus, elle peut être perturbée, suivant les personnes, par un
anniversaire ou un évènement fortuit à des dates plus ou moins sensibles : la date
présumée d’accouchement, la date anniversaire, la fête des mères, des pères, Noël…
Le rythme du deuil est en outre différent d'un individu à l'autre.
Cette réorganisation ne peut se faire sans l’aide des autres. Les personnes ont besoin
d’un appui, d’une bouée pour refaire surface. Le groupe de paroles est aussi utile dans
cette phase, le thérapeute peut aussi terminer son travail ici.
Pour s’aider, on peut commencer par l’échange des pardons.
Se pardonner soi-même de ce que l’on n’a pas fait et qu’on aurait du faire, cela atténue
notre culpabilité.
On demande pardon pour se pardonner à soi même: J’ai donc fait ce qu’il fallait, je sais
que je suis pardonné...
I
Si on se pardonne, on peut pardonner à l’autre, cela peut se faire Ce n’est pas parce
qu’il est mort qu’il faut garder un contentieux. .
Pour aider à la reconstruction, on peut prendre ce qu’il y avait de bon dans celui qui est
mort et le prendre pour soi, c’est l’héritage. Dans la période d’acceptation, on a fini l
es taches du défunt, la vie du défunt, vider l’armoire de ses vêtements, accompli une
promesse faite sur le lit de mort.
Dans la période dite de l’héritage, on va chercher les qualités qu’avait le défunt. Tiens,
il faisait cela comme cela, on a le plaisir de faire pareil, c’est le cadeau caché :
« grâce au deuil j’ai pu… ».
On reprend naturellement quelque chose de très fort qui existait entre personnes
qui s’aimaient.
Chaque cas en fait est particulier, chacun traverse le deuil à son rythme et à sa façon
C' est normal . Il faut du temps pour accepter la palette de ses émotions, tisser un nouveau
lien avec le disparu et réinvestir sa vie.
N' hésitez pas à laisser vos commentaires , partager vos expériences ou me demander
de faire un article sur un sujet en particulier. Vos messages ne seront pas publiés si vous
ne le souhaitez pas .
Profitez bien de votre journée ...
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J'ai perdu ma fille de 39 ans il y a 2 ans 1/2
RépondreSupprimerCe que je viens de lire est totalement réel ..je me suis retrouvée dans le processus ..mais ne suis pas encore arrivée à la reconstruction...Mais j'ai connu le choc , le déni, et la colère en une seule phase ...actuellement j'ai pris 15 kgs en 2 ans , mais je m'en moque et je suis au stade de la dépression je pense ...elle me manque tous les jours ..elle s'appelait Elisabeth et je l'aimais , mais lui ai je assez dit ??