dimanche 21 juillet 2013

Pourquoi est-ce que je me sens si différent des autres ?




 


     








  Le modèle occidental activiste nous a appris à être compétitif. Notre
éducation et notre instruction nous ont enseigné à insister sur ce qui nous
démarque des autres. On nous a appris à attacher de l' importance aux rôles,
aux façades, au statut social, à l' argent, aux vêtements, aux diplômes- bref,
aux signes extérieurs de succès- des autres et à les comparer avec les nôtres;
tous ces éléments extérieurs nous permettent , vis-à-vis de chaque personne,
de nous sentir soit inférieurs soit supérieurs. Tant que nous avons recours à
ce modèle pour y conformer notre existence, nous observons tout le monde
d' un œil critique; notre œil qui juge n' observe que les différences
qui nous démarquent d' autrui. Quand nous avons  pris l' habitude
de regarder le monde de cette façon pendant des années, nous perdons
de vue les ressemblances qui  nous rapprochent des autres; nous ne pouvons
 plus voir la nature commune que nous partageons. Le fait de
focaliser notre attention sur les différences et non sur les ressemblances
nous conduit tout droit à perdre notre sentiment d' intégration.
Sans intégration, nous  nous sentons perdus, seuls et malheureux.

       Ce que les autres aiment en nous, ce à quoi ils se réfèrent pour
communiquer avec nous, ce ne sont pas nos caractéristiques individuelles
uniques, nos différences; paradoxe: ce sont nos ressemblances. En qualité
 d' êtres humains, nous partageons avec nos frères notre facon de sentir, 
de réagir, notre capacité de comprendre les autres et d' éprouver de la 
compassion commune. Peut-etre ne réagissons-nous pas de la meme facon
que quelqu'un d' autre à un évènement donné, mais nous reconnaissons tout 
de suite l' identité du sentiment.
 Nous sommes uniques dans la façon dont nous nous comportons, mais
 non pas dans la façon dont nous ressentons les choses.
Chacun de nous sait ce qu'est la souffrance même si chacun a des raisons
particulières de souffrir. Nous nous sentons différents des autres quand
nous ne parvenons pas à reconnaître le bien-fondé de la souffrance d'
autrui. Le fait de nier, d' ignorer ou tout bonnement de ne pas percevoir
l' importance des autres, aboutit à l' égocentrisme. En nous percevant
nous-mêmes comme différents, nous sommes incapables de communiquer
sur ce substrat humain que nous avons tous en commun.
 Cela signifie que nous sommes incapables de voir que tous les hommes
 luttent pour donner un sens à ce monde fou et devenir ainsi des héros.
Le fait de se sentir différent et de  concentrer son attention sur ces
différences  aboutit à la solitude.
La plupart d' entre nous se tourne vers les autres pour remédier
à leur solitude. Avoir besoin des autres pour être remis d' aplomb,
c' est la bonne définition de l' égocentrisme.

Nous avons besoin des autres, mais nous ne leur accordons pas de valeur
à cause de leurs différences. Nous construisons nous-mêmes le piège de la
solitude,qui se referme sue nous; nous disons : "J' ai besoin de toi mais tu ne
peux pas m' aider car tu es différent de moi; par conséquent tu ne peux
me comprendre, parce que tu n' as pas fait tout ce que j' ai fait. Ce qui nous
rend unique, c' est notre " expérience " : personne n' a vécu exactement la
même chose que vous, personne ne s' est comporté exactement comme
vous. Donc, à ce niveau, vous êtes effectivement différent de tout le monde.
Mais à un autre niveau, plus élevé, vous souffrez de la même vulnérabilité,
vous partagez les mêmes sentiments que les autres.

C' est cela que signifie  être semblable: partager son humanité.

       La psychologie de groupe est très intéressante de ce point de vue car
 elle permet de constater rapidement nos ressemblances et de les partager.
Les choses qui nous font réagir sont peut-être différentes, mais le fait que
nous réagissions est commun. Nous ne pouvons pas entièrement communiquer
notre expérience, mais nous pouvons exprimer les sentiments qu' elle a
provoqués en nous. Par exemple, personne n' a le même conjoint que moi,
 mais tout le monde peut comprendre la colère que je ressens vis-à-vis de
 mon conjoint, car tout le monde a éprouvé un jour ou l' autre des sentiments
semblables vis-à-vis d' un membre de sa famille. Personne ne fait exactement
les mêmes erreurs que j' ai faite jusqu’ à aujourd’hui mais tout le monde 
connaît la sensation d' avoir fait des erreurs.

Nous pouvons partager notre découragement et notre besoin d' être
encouragés. Nous pouvons partager nos déceptions dans notre lutte pour
 être le meilleur possible.  
Nous sommes semblables par nos bons cotés et par notre besoin
de nous épanouir au mieux.  
Nous sommes semblables  par la difficulté que nous éprouvons à donner
un sens à la vie. 
Nous nous ressemblons par la façon dont nous nous attachons aux gens,
par la façon  dont nous voulons faire du bien autour de nous et
par notre perplexité  quant à la façon de nous y prendre.  
Nous nous ressemblons dans nos  déceptions,nos égarements et nos luttes.



Le fait de reconnaître ces ressemblances crée un sentiment d' appartenance
qui favorise le processus d' acquisition de l' estime de soi. Le sentiment 
d' intégration, le fait de reconnaître nos ressemblances et le fait de 
communiquer  avec autrui sont autant de raisons pour développer 
notre intégration sociale. 











































































4 commentaires:

  1. En premier, je vous remercie de penser à nous, ce qui malgré les 10 années que je m'y trouve le plus douloureux est et a toujours été, le regard d’autrui posé sur nous.
    Bien que je devrais m'y habituer, le ressentiment d'être inférieur ne sais me rendre indifférente, le fait de se trouver à un étage , inférieur par apport aux regards des autres, sans doute est le moins supportable. En tout cas c'est surement une raison prioritaire pour moi,ce qui m'empêche très souvent d'éviter de me retrouver là où il y a beaucoup de monde, et si m'en viens l'obligation j'éviterai d'arriver en retard, afin de pouvoir me placer dans un coin éloigné, pas trop éclairé. Suis d'ailleurs depuis devenue "agoraphobe".Très beau texte, bien écrit qui décrit bien notre situation, notre ressentis. Merci

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    1. Merci Nicky, t' ai laissé un petit message sur G+.Amitiés

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  2. Merci pour ce post. Oui c'est notre humanité que l'on a en commun. Quand je réagis fortement à une situation, je ne peux m'en empêcher. Le souci c'est qu'après je doute que des personnes qui ne me connaissent pas forcément me comprennent et je crains d'être rejeter ou de devoir partir car leurs réactions peuvent selon mes appréhensions être excessives à leur tour. Car oui je suis souvent dans la crainte de part mon histoire de réagir excessivement au yeux des autres et que ça crée une réaction enchaîne.
    Grâce à vous, je me focalise : c'est mon humanité que je partage.
    Je vais travailler dessus !

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